Ils recréent le parfum que Cléopâtre aurait porté… L’odeur est surprenante

Cléopâtre affectionnait les parfums. La dernière reine d'Egypte s'en servait même pour séduire les puissants hommes de son époque, à l'instar de Jules César et Marc Antoine. Mais quelles fragrances avaient le vent en poupe au temps des pharaons ? Réponse.
Cynthia Lahoma
Ils recréent le parfum que Cléopâtre aurait porté… L’odeur est surprenante GettyImages

« L’Égypte c’est le berceau de la parfumerie » indique, dans le podcast Les savanturiers de France Inter,Annick Le Guérer, anthropologue, philosophe historienne des odeurs, de l’odorat et du parfum.

Quel sillage laisse Cléopâtre sur son passage ? Quelles senteurs flottent dans les airs au temps des pharaons ? Une chose est sûre, si nous étions plongés au cœur de l’Égypte Antique c’est une signature olfactive « forte, épicée et musquée » qui nous enivrerait.

Une équipe d’archéologues nous offre un véritable bond dans le temps en reconstituant la fragrance qu’aurait pu porter l’une des figures féminines les plus emblématiques de l’époque : Cléopâtre. En 2012, ils mettent à jour ce qu’ils pensent être le domicile d’un marchand de parfums. Ils découvrent une véritable mine d’or : un espace de fabrication, des amphores et des bouteilles en verre. C’est à l’aide des résidus récupérés dans ces contenants qu’ils parviennent à déterminer les ingrédients entrant dans la composition des parfums datant de l’ère de la dernière reine d’Égypte. Néanmoins, la découverte est loin d’être nouvelle précise Annick Le Guérer au micro de France Inter : « La reine est connue pour affectionner les parfums ». « Elle aurait utilisé un puissant parfum pour envoûter Marc Antoine en l’an 41 avant Jésus-Christ » raconte au cours de ce podcast la journaliste Fabienne Chauvière. Et ce n’est pas le seul homme qu’elle parvient à faire succomber. Dans son travail de recherche titréÉvolution du parfum au cours des siècles, Annick Le Guérer précise : « Pour séduire Jules César, Cléopâtre disposait entre autres du parfum de Mendès […] du Métopion […] et de l’Aegyptium ». Ces parfums sont alors réputés pour leurs ténacités et leurs profondeurs intenses.

Les recettes du Métopion et du parfum de Mendès sont déjà révélées dans les écrits de Pline l’Ancien, naturaliste latin du Iᵉʳ siècle, auteur d'une encyclopédie intitulée Histoire naturelle.

Dès lors, l’experte détaille dans ses travaux que le Métopion est composé d’huile de ben, de cannelle, de myrrhe, de résine. Le parfum de Mendès est à base d’huile d’amande amère, de verjus de raisin, de jonc odorant, de galbanum, de graines de baumier.

Cléopâtre s'est-elle habillée de quelques gouttes de ces fameux jus ? « Elle devait porter un parfum spécial qui était fait par ses parfumeurs privés » explique au micro de France Inter l’experte tout en supposant : « Elle devait sans doute aussi porter le Métopion et le parfum de Mendès parce que ce sont des odeurs délicieuses ».

Une chose est sûre, ces fragrances sont affectionnés par une certaine caste : « Ces compositions raffinées sont réservées à l’élite. Les riches Égyptiennes n’hésitent pas à imprégner d’huiles aromatiques leur tunique au cours des fêtes et des banquets ; les perruques de cérémonie sont surmontées d’un petit cône de graisse parfumée qui fond doucement en entourant la tête de chaque convive d’un halo de senteurs » détaille l’experte dans ses travaux de recherche.

Le parfum, garant d’une vie après la mort

Ces parfums pourraient encore être portés de nos jours. En revanche, ils tacheraient nos vêtements de par leur base huileuse. Conçus sans distillation, ils s'obtiennent à l'époque suivant les techniques de macération ou d’enfleurage. « Les premiers parfumeurs de l’Égypte Antique sont les prêtres égyptiens qui, dans l’enceinte des temples, composent les parfums pour honorer les dieux » explique l’experte au micro de France Inter. Outre les onguents cités, les Égyptiens ont aussi une prédilection pour l’huile d’Iris qui mêle cannelle, cardamome, myrrhe et safran, ainsi que le Kyphi, une effluve servant à honorer les dieux et soigner certaines maladies. Plus qu’un geste inclus dans une routine beauté, l’acte de se parfumer relève du sacré. Il est ancré dans les rituels qui encadrent la vie après la mort. « Les parfums ont une origine divine. Ils sont la "sueur", la "transpiration" de leurs dieux. » expose dans ses travaux Annick Le Guérer. Pour accéder à la vie éternelle, le rituel de momification est le seul qui permette « au défunt, normalement voué à la putréfaction, de devenir un "Parfumé" c’est-à-dire un dieu ». Annick Le Guérer énonce d’ailleurs une partie du procédé le plus onéreux de l’époque : préalablement vidée, la cavité abdominale est remplie de myrrhe et de cannelle avant d'être recousue par les embaumeurs. « Le corps reste ensuite soixante-dix jours dans le sel avant d'être lavé et enveloppé de bandelettes de lin très fin pouvant mesurer plus de 100 mètres. »

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le 23/11/2020