Lorsqu’elle est redécouverte dans les années 1700, une étrange rumeur se propage, jusqu’à devenir une légende. De ce qu’e l’on dit, c’est nulle autre que la reine Mathilde, l’épouse de Guillaume le Conquérant, aidée de ses dames de compagnie, qui l’aurait brodée. Dans un premier temps, on l’intitule même "tapisserie de la reine Mathilde", un nom qu’on lui donnera encore au 20e siècle. Pourtant, on imagine mal que quelques femmes, qui plus est une reine et des nobles dames fort occupées ailleurs, aient pu réaliser un si gros travail.
Il est bien plus raisonnable de penser que la tapisserie sort d’un atelier spécialisé. On a d’abord pensé qu’elle provenait d’Angleterre, où elle aurait voyagé avant d’atterrir en Normandie et de tomber dans l’oubli, cachée dans les combles de la cathédrale de Bayeux (mais nous y reviendrons la semaine prochaine). Ce seraient donc bien des ouvriers ou ouvrières, de véritables pros, qui sont à l’origine de la broderie.
Il y a quelques années, des historiens français ont remis en cause l’origine de l’ouvrage. Pour eux, aucun doute, la tapisserie de Bayeux est normande ! Et ce sont des artistes de Normandie qui l’auraient réalisée. Une théorie qui n’est pas dénuée de sens si on considère que c’est bien l’évêque de Bayeux qui l’a commandé pour orner sa cathédrale. Ceci dit, on n’est pas encore en mesure d’attribuer une provenance exacte, et on ne le sera peut-être jamais. Les petites mains derrière la création du chef-d’œuvre resteront pour toujours anonymes, mais leur travail continuera de traverser le temps.
La semaine prochaine, on vous expliquera justement comment la tapisserie de Bayeux a réussi à parvenir jusqu’à nous, en échappant aux mains des révolutionnaires français et des nazis !